"Afrique : un gouvernement continental d’ici à 2015 ?" Par Joyce Mulama

, par  J.G.
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« NAIROBI , 15 juin (IPS) - Le débat sur les projets de formation d’un gouvernement à l’échelle continentale en Afrique est en cours en prélude au sommet de l’Union africaine (UA) prévu pour démarrer le 25 juin à Accra, la capitale ghanéenne.

La rencontre va se concentrer sur l’adoption d’une ligne de conduite tendant vers l’intégration politique et économique complète du continent, un objectif principal de l’UA. Le rêve d’un “États-Unis d’Afrique” avait également sous-tendu la création en 1963 du prédécesseur de l’union, l’Organisation de l’unité africaine.

Les partisans de l’administration panafricaine croient que l’action collective est essentielle pour arrêter la décadence sociale sur le continent, et pour aider l’Afrique à avoir plus d’assurance sur la scène mondiale.

“Le débat n’est plus sur l’opportunité ou non de l’intégration, mais sur jusqu’où et à quelle vitesse nous allons la réaliser”, a déclaré Tajudeen Abdul-Raheem, directeur adjoint de la Campagne du millénaire des Nations Unies, lors d’une rencontre tenue dans la capitale kenyane, Nairobi, au début de ce mois afin de discuter sur l’administration de l’UA qui a été proposée. La réunion a regroupé les représentants de gouvernement, de la société civile, du secteur privé et des médias.

“L’impuissance de la plupart des États africains, notre marginalisation sur le commerce international et la honte de nos États rivalisant au bas des indices de développement humain plaident en faveur de l’unité”, a-t-il ajouté.

Un gouvernement de l’Union africaine “élargirait les marchés internes de l’Afrique”, a affirmé Abdul-Raheem à IPS.

“Au lieu qu’un pays comme le Kenya cherche à fournir des biens pour quelques personnes seulement, il chercherait plutôt à servir toute la population de l’Afrique. Des emplois seraient créés, ce qui va entraîner une réduction de la pauvreté”.

La Campagne du millénaire est un projet qui vise à aider les citoyens à tenir leurs gouvernements responsables des engagements pris pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). La communauté internationale est tombée d’accord sur huit OMD au Sommet du millénaire de l’ONU en 2000 pour élever le niveau de vie à l’échelle mondiale d’ici à 2015. L’un des objectifs est de réduire de moitié la pauvreté absolue d’ici à cette date.

Les propos d’Abdul-Raheem ont été repris par une étude commanditée en 2006 par l’UA dans le but de proposer les fonctions et les responsabilités d’un gouvernement continental ainsi que les étapes de sa création.

“Dans le but d’améliorer la performance de leur développement, les responsables africains sont de plus en plus convaincus qu’ils doivent agir collectivement”, souligne le rapport, intitulé ’Un Gouvernement de l’Union africaine : Vers les États-Unis d’Afrique’.

Ce rapport envisage un processus à trois phases qui finirait par un gouvernement continental d’ici à 2015.

La première phase comprend la sélection des secteurs dans lesquels un gouvernement d’union serait actif, les décisions sur comment le financer, et l’information des gens aux niveaux régional et national sur son autorité à l’échelle continentale.

La deuxième phase se concentrerait, en partie, sur la rédaction d’une constitution pour les États-Unis d’Afrique et sur l’établissement d’une Banque centrale africaine.

Pendant la troisième phase, la constitution serait adoptée, et des élections tenues à un niveau national, régional et continental pour des postes dans le gouvernement de l’UA.

L’étude a été révisée en novembre dernier en Ethiopie par une réunion du Conseil exécutif de l’UA, au cours de laquelle certains États membres se sont interrogés sur la possibilité de respecter le délai de 2015, et les mesures proposées pour établir le gouvernement. (Le conseil comprend les ministres des Affaires étrangères de l’UA).

Certains observateurs pensent que des organes à l’échelle continentale qui ont été déjà installés, tels que le Parlement panafricain (PP), devraient être renforcés avant que des mesures soient prises pour établir un gouvernement entier de l’UA. Le PP a été installé en 2004.

Cependant, pour les sceptiques comme le professeur de science politique Peter Wanyande, l’idée même d’un gouvernement continental est discutable.

S’exprimant avant la rencontre de Nairobi, il a estimé qu’un tel organe était trop ambitieux pour l’Afrique, et qu’il priverait les pays de leur souveraineté. Wanyande enseigne à l’Université de Nairobi.

Ses préoccupations ont été reprises par d’autres, qui font remarquer que le manque de confiance et les disparités économiques entre les différentes nations sont, en autres, les problèmes qui menacent d’ébranler le gouvernement de l’UA.

Une autre préoccupation concerne l’implication de la société civile dans le projet. Certains soutiennent que l’UA n’a pas pris en compte les communautés dans ses efforts actuels pour établir une administration — ceci, malgré la conférence de 2005 organisée par l’UA au Nigeria et ayant conclu que l’objectif de ce processus devrait être une “Union du peuple africain et non simplement une Union des États et des gouvernements”.

D’autres demandent si les groupes civiques eux-mêmes ont été suffisamment actifs en prenant d’initiative sur cette question.

La réunion de Nairobi a, dans une certaine mesure, abordé ces inquiétudes. Elle a organisé un forum pour demander aux citoyens d’exprimer leurs opinions sur le gouvernement qui a été proposé — et il existe des programmes pour présenter ces opinions au sommet d’Accra, conjointement avec celles des citoyens des autres États africains.

Le prochain sommet s’achèvera sur une réunion de trois jours de l’assemblée de l’UA, laquelle comprend les chefs d’État et de gouvernement du continent. Cette rencontre est prévue pour prendre fin le 3 juillet. (FIN/2007) » Joyce Mulama

Source : IPS Afrique Inter Press Service http://www.ipsinternational.org/

Site de l’Union africaine : http://www.au.int/
Site de la Commission de l’UA : http://www.africa-union.org/

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