Le parcours très anglo-américain du banquier Jean Monnet

, par  J.G.
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« Il a gardé sa vie durant, des intérêts dans la maison de Cognac de son père, ce qui ne l’a pas empêché de faire carrière, entre les deux guerres, dans la banque américaine… Jean Monnet n’avait pas seize ans quand il partit à Londres pour un séjour de deux ans… A 18 ans, le voici au Canada… en 1911, il signe de juteux contrats avec la Hudson Bay Company … qui revendra le cognac aux trappeurs indiens. … quand la Première Guerre Mondiale éclate, il est réformé… Le gouvernement français est replié à Bordeaux. Jean Monnet se fait introduire auprès du président du Conseil Viviani, qui l’envoie au ministre de la Guerre, Alexandre Millerand. En 1916, à 28 ans, il va se voir catapulté représentant de la France dans les comités exécutifs alliés pour la répartition des ressources communes, comités où les Etats-Unis entreront à partir de 1917… Il jouera un rôle décisif, à partir de mars 1918 dans l’acheminement de troupes américaines vers l’Europe. … il va devenir le secrétaire général adjoint de la SDN…Vite déçu par la faiblesse de la SDN, …il démissionne et va se mettre au service d’une banque américaine d’investissement, Blair and Co… Le jeune Charentais va élargir le cercle de ses relations en Amérique : John Mac Cloy, administrateur d’innombrables sociétés et futur haut commissaire américain en Allemagne, le futur secrétaire d’Etat John Foster Dulles, ... En 1929, il contribue à la création de la BRI ( Banque des règlements internationaux ) à Bale… C’est pour le compte de banques américaines qu’il opère également en Chine au début des années 1930. … en juin 1940, alors que le front français s’écroule, il propose le projet sans précédent d’une complète fusion des souverainetés française et britannique… Jean Monnet ne répondra pas à l’appel du 18 juin. Le 2 juillet, il se met à la disposition du gouvernement anglais. Churchill, le 16 juillet, l’envoie aux Etats-Unis comme vice-président de la mission britannique d’achats de fournitures américaines…La correspondance de Jean Monnet avec Harry Hopkins, proche confident du président Roosevelt, le montre tout entier dressé contre l’idée que De Gaulle puisse incarner la légitimité de la Résistance française et donc la souveraineté de la France… Quand De Gaulle, le 4 mai 1943, dans un discours prononcé à Londres, fait connaître sa décision de se rendre à Alger…Dans une note à Harry Hopkins, du 6 mai 1943, il n’hésite pas à écrire : “Cela me rappelle le discours que Hitler a fait avant l’affaire tchécoslovaque… De Gaulle est synonyme d’action arbitraire, avec tous les risques de fascisme… Dans un cas, c’est l’hitlérisme ou la guerre civile ; dans l’autre, le maintien de la loi établie par le peuple français et de ses libertés …”. Dans une note rédigée au lendemain du discours de Londres du général De Gaulle, Jean Monnet n’hésite pas à écrire : “Il est un ennemi du peuple français et de ses libertés… Il est un ennemi de la reconstruction européenne dans l’ordre et la paix…en conséquence il doit être détruit dans l’intérêt des Français, des Alliés et de la paix.” …en 1977, à Valéry Giscard d’Estaing, au palais de l’Elysée, Jean Monnet : “J’ai vu, à votre façon d’agir, que vous avez compris l’essentiel... Oui, j’ai vu que vous aviez compris que la France était désormais trop petite pour pouvoir résoudre seule ses problèmes.” » [1]

[1Jean-Pierre Chevènement, La faute de M.Monnet, Edition Fayard 2006.

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