La cruauté ordinaire

, par  J.G.
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Extraits : « La manipulation morale attaque l’être humain dans ce qui le constitue de plus fondamental mais dont il n’a pas conscience et que par conséquent il ne cherche pas à protéger. Ainsi dépouiller un être humain de sa dignité par un choc paralysant, une commotion, qui bloque les mouvements de son âme et en cela de sa pensée, en même temps qu’on l’humilie, se produit toujours par surprise... On peut dépouiller quelqu’un de sa dignité et donc en cela lui faire perdre son âme, son humanité, sans qu’il s’en rendre compte lui-même. Cela se produit à bas bruit, sous l’effet, on l’a dit, de la violence alliée à une attitude " incapacitante", " décervelante ", par des doubles messages, des surprises paralysantes et cela sans que les autres, et les plus proches, s’en soucient...Ainsi se trouve contredite l’opinion souvent admise que le cruel administre le Mal à quelques " têtes à claques " ou " minus habens " plus ou moins inhibés. C’est sur la qualité humaine que le pervers exerce son dévolu et en destructivité envieuse...A partir d’une interprétation des signes, qui nous est propre, singulière, nous aboutissons à des significations qui dans leur convergence font sens...La manipulation perverse, en ôtant aux objets la valeur des signes, en mettant en cause tout travail de signification, aboutit à un non-sens généralisé, base même de la position nihiliste que vit le violent et qu’il induit chez sa victime. »

Yves Prigent, La cruauté ordinaire, Éditions Desclée de Brouwer, 2003.

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