Pensez-vous que l’Union Européenne soit en fait la construction d’un nouvel Empire ?

, par  J.G.
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Le 10 juillet 2007, José-Manuel Barroso a comparé l’ U.E. à un Empire.

Certaines personnes semblent rêver à de grands ensembles pacifiés à l’échelle d’un continent ou à l’échelle de la planète. En fait, ce courant de pensée porte aujourd’hui un nom : « le village planétaire ». Les personnes qui adhèrent à ce concept porte leur critique bien plus sur l’État national que sur l’État, auquel ils font grief de toutes les tragédies du XXe siècle et notamment les deux guerres mondiales.

L’Histoire a montré que l’État est concevable selon trois modalités : la Cité, la Nation ou l’Empire, mais me semble-t-il une seule est souhaitable.

La Cité correspond au modèle de l’Antiquité grecque ( Athènes, Sparte ). Mais pour survivre ces cités minuscules par leur territoire et leurs ressources humaines, ont dû se regrouper et s’allier sous l’hégémonie de l’une d’elles afin de lutter contre les empires ( l’Empire perse ) au point de constituer elles-mêmes à leur tour un empire. Ne restent donc que la nation ou l’empire comme modalités durables et viables de l’État. La forme nationale de l’État se caractérise par l’existence d’une affectivité civique qui fonde le lien social entre les membres de la nation et favorise l’adhésion et le consentement à vivre sous un pouvoir accepté et consenti. Dans l’Empire, c’est, à l’inverse, la domination voire l’oppression qui assurent la cohésion sociale. La forme fédérale de l’État permet parfois de masquer un Empire qui n’ose pas avouer son nom. C’était le cas de l’URSS hier et des U.S.A. aujourd’hui. Autrement dit, le modèle de l’État national est donc le seul de nature à garantir un équilibre qui empêche la dispersion des cités, et que compromet le gigantisme des empires.

C’est une erreur me semble-t-il de croire que l’État national est en soi une source de conflits et de malheurs. Il faut en effet se garder de confondre le sentiment national qui n’est que l’amour de sa patrie et le nationalisme qui est l’exacerbation du sentiment de supériorité de la nation à laquelle on appartient. Cette confusion recoupe du reste celle que l’on peut faire lorsqu’on néglige de distinguer la conception civique de la nation ( héritée de la tradition française ) et sa conception ethnique ( héritée de l’Allemagne ). Le nationalisme conduit à l’impérialisme parce que le nationaliste en arrive à se persuader que sa nation est supérieure aux autres et qu’elle a dès lors un droit à dominer les autres. Le patriote, en revanche, respecte et défend le droit à l’existence étatique de toutes les nations : « Le principe des nationalités, dit-on, portait la guerre de 1914 dans ses flancs. A moins que ce fût le principe impérial qui écrasant les nationalités, les exaspérait. » ( Régis Debray ).

Régis Debray

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