Maison de l’Histoire de France : lettre ouverte au président Sarkozy

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Organisations syndicales
CFDT CFTC CGC CGT
Archives

à

M. Nicolas Sarkozy
Président de la République
Palais de l’Elysée
55 rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris

Paris, 9 septembre 2010

Monsieur le Président de la République,

Depuis 2004, l’Etat s’est constamment engagé en faveur d’un patrimoine essentiel, symbole de la Nation, en lançant à Pierrefitte-sur-Seine la construction d’une extension des Archives nationales complétant les sites de Paris et de Fontainebleau. Un grand projet naissait ainsi pour rénover l’institution chargée de conserver les archives de l’Etat, des Mérovingiens à la Ve République.

Peu après votre élection à la Présidence de la République, dès juin 2007, vous teniez à vous exprimer lors de l’ouverture du colloque « Archives, identité, République » pour proclamer votre attachement aux archives : « Il n’y pas d’identité nationale sans archives, soigneusement conservées », disiez-vous, ou encore « Il n’y a pas de République, c’est-à-dire de démocratie pleine et entière, si cette identité n’est pas accessible à tous ».

Ce matin même, nous apprenons par Le Figaro, que vous devriez confirmer l’ouverture d’une Maison de l’histoire de France, dans les locaux qui, depuis deux cents ans, abritent les Archives nationales. Cette décision suscite une vive opposition de tous les personnels des archives, des personnels techniques aux conservateurs.

Nous nous permettons de soumettre à votre attention les réflexions suivantes, qui émanent d’agents de l’Etat aussi fiers de leur mission qu’heureux de l’intérêt que vous y portez.

Il est paradoxal qu’un projet présidentiel en remette en cause un autre ! C’est d’autant plus incompréhensible que le projet Archives nationales est le grand projet le plus avancé du ministère de la culture et qu’il s’est poursuivi jusqu’à ce jour conformément au calendrier et au budget prévisionnels. L’intérêt que vous portez à ce projet s’est également traduit par trois arbitrages d’importance en matière d’emploi : la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ne s’appliquera pas ; pas de privatisation des missions d’accueil, de surveillance et de magasinage ; annonce d’un plafond de 515 emplois (que nous jugeons néanmoins insuffisant).

Les Archives nationales proposent déjà une programmation scientifique et culturelle qui alimente la réflexion sur l’histoire et ses sources. Il est inacceptable que la création de cette Maison de l’histoire de France se fasse au détriment même des installations présentes et à venir qui, depuis deux cents ans, aident à comprendre cette Histoire !

En inscrivant la rénovation des Archives nationales dans le cadre des Grands travaux du Quinquennat, vous leur avez en effet donné les espaces supplémentaires qui leur étaient de longtemps nécessaires pour pouvoir mener à bien leur mission. Ces espaces sont tous indispensables, calculés au plus juste ; ils répondent aux besoins précis de l’accroissement et de la conservation des collections et fonds d’archives. En privant les Archives nationales de leur socle historique, vous ruinez les bénéfices de cet effort national en détruisant l’équilibre actuel du projet.

Le projet de Maison de l’histoire de France n’a pas sa place aux Archives nationales. Il ne manque pourtant pas de lieux évocateurs de notre passé dans lesquels la Maison de l’histoire de France pourra naître et se déployer à la mesure de votre ambition républicaine, de sites à ce jour totalement vides, sous-exploités ou sous-occupés, comme par exemple l’hôtel de la Marine, l’île Seguin ou le château de Vincennes.

En terminant ce courrier, Monsieur le Président de la République, nous voulons vous redire notre attachement à notre mission, son objet et ses locaux, et nous vous prions de bien vouloir agréer, l’hommage de notre profond respect.

La CFDT Archives : Nadine Gastaldi
La CFTC Archives : Solange Bidou
La CGC Archives : Marie-Claude Delmas
La CGT Archives : Wladimir Susanj

Pour tout contact :
Intersyndicale Archives de France
56 rue des Francs-Bourgeois 75003 Paris
tél : 01 40 27 63 33 télécopie : 01 40 27 63 66

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