"Pourquoi le vaccin français de Valneva sera d’abord disponible au Royaume-Uni"

fontsizeup fontsizedown

« Seul vaccin français à virus entier inactivé en phase 3 des essais cliniques, le produit de Valneva n’est précommandé ni par l’Union européenne, ni par la France. Mais par... les Britanniques.

Le groupe franco-autrichien Valneva, installé dans la périphérie de Nantes, poursuit le développement de son vaccin contre le Covid-19.

Un spécialiste des vaccins

La biotech, qui devrait bientôt être coté sur le marché américain, emploie 600 personnes et a réalisé un chiffre d’affaires de 110 millions d’euros en 2020. Voilà pour les aspects économiques.

Sur le plan médical, en revanche, Valneva ne comprend pas son ostracisation du marché des vaccins contre le Covid. Valneva, qui met également au point des vaccins contre le chikungunya (en phase 3) et la maladie de Lyme (en phase 2), commercialise déjà deux vaccins “de voyage” - contre l’encéphalite japonaise et le choléra, rappelle Entreprendre.

S’agissant du Covid, le vaccin de Valneva est en étude clinique de phase 3. Ce qui fait de l’entreprise la seule en Europe à avoir atteint ce stade pour un vaccin à virus entier inactivé.

190 millions de doses... outre-Manche

Prochaine étape : une mise sur le marché attendue dès l’automne, alors même que l’accélération des campagnes de vaccination - et la possibilité d’une troisième dose - font redouter une pénurie.

Le vaccin de Valneva a déjà été précommandé par la Grande-Bretagne (190 millions de doses sur 5 ans), où il est d’ailleurs testé.

Une étude clinique financée par Londres

Valneva fait état d’une étude clinique de phase 3 au Royaume-Uni, portant sur plus de 4 000 participants, et comparant l’efficacité de son produit à celui d’AstraZeneca.Les premiers résultats sont attendus d’ici à septembre 2021.

Les résultats des phases 1 et 2 ont montré que son produit, dénommé VLA2001, a été bien toléré et qu’aucun problème de sécurité n’a été identifié.

Sur le plan de l’efficacité, “dans le groupe vacciné avec la plus forte dose du vaccin, le taux de séroconversion des immoglobulines G était de 100 % et les titres d’anticorps neutralisants à un niveau identique ou supérieur à ceux généralement constatés dans les sérums provenant de personnes convalescentes.”

Mais aucun accord n’a été conclu avec l’Union européenne. Les discussions entamées début 2020 ont avorté, au motif que “la société française n’avait pas rempli les conditions” d’une mise sur le marché en Europe.

Valneva indique sur son site que des discussions ont repris avec la Commission européenne en janvier, et sont “toujours en cours” en juillet 2021.

Le Brexit en cause ?

Concrètement, le problème viendrait de la production des doses en Ecosse, dans l’usine de Livingston, avant un conditionnement en Suède. Au risque d’un défaut d’approvisionnement, Brexit oblige.

L’UE a pourtant massivement acheté le vaccin d’AstraZeneca, dont les retards d’approvisionnement ne sont plus à démontrer. AstraZeneca est d’ailleurs soupçonné d’avoir privilégié “son” pays au détriment de l’Union européenne, qui en avait précommandé jusqu’à 400 millions de doses.

Pour Valneva, le même Brexit a eu l’effet inverse pour les Britanniques : Boris Johnson a permis l’organisation rapide des essais cliniques, les a financés, et a même visité l’usine de Livingston.

Dix pays intéressés

Le patron de Valneva Franck Grimaud se dit aujourd’hui prêt à envisager la production de son vaccin ailleurs qu’en Ecosse - pour partie - si les discussions aboutissent avec l’Union européenne.

Début mai, une dizaine de pays européens, dont la France et l’Allemagne, avaient fait savoir qu’il souhaitaient commander par eux-mêmes des vaccins, afin de diversifier les approvisionnements. Un accord, même tardif, de la Commission européenne pourrait faciliter leurs démarches. »

Source : republicain-lorrain.fr, le 4 août 2021.