Les mécènes du Collège des Bernardins

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« L’archevêque de Paris [Lustiger] a appliqué à la lettre l’ouverture des chrétiens sur le monde prônée par Jean-Paul II. C’est à lui que l’on doit une trinité médiatique autant que spirituelle : Radio Notre Dame, première “radio libre” catholique (100 000 auditeurs chaque jour) créée en 1981 ; KTO, une télévision lancée en 1999 et financée à l’origine par des actionnaires comme le diocèse de Paris, Bayard ou Média Participations, mais aussi Axa, Lafarge, Studio Canal, Lagardère... ; et le collège des Bernardins, un incroyable site conventuel du XIIIe siècle au cœur du Quartier latin, acquis par le diocèse de Paris et inauguré en 2008 par le pape Benoît XVI.

La transformation de ce qui était devenu une caserne de pompiers en un carrefour essentiel des influences chrétiennes a donné lieu, sous la houlette de Bertrand de Feydeau, à une formidable histoire de lobbying financier décortiquée par Marc Baudriller dans son livre Les Réseaux cathos (Robert Laffont).

“A la fois intellectuelle, artistique et spirituelle, l’activité des Bernardins exprime l’idée que l’Eglise dialogue avec le monde dans toutes ses dimensions”, précise Hubert du Mesnil, directeur du collège et ancien patron de Réseau ferré de France (RFF). Dans ses murs superbement rénovés, 30 salariés, 200 bénévoles, 130 professeurs et chercheurs animent cours et sessions de réflexion auprès de 5 000 étudiants, dont les inscriptions représentent 50 % du budget annuel de 7 millions d’euros, le solde étant assuré par des locations de salles pour séminaires... d’entreprises, des tournages de films et du mécénat.

Si les Bernardins existent, c’est grâce au soutien d’une trentaine de donateurs privés, dont beaucoup venus du monde des affaires (Liliane Bettencourt, Michel Pébereau, Jean-Louis Descours, Michel David-Weill...), et à la participation d’une trentaine de groupes (LVMH, Areva, Publicis, Total, Orange, Casino, KPMG, Kaufman & Broad...), souvent via leur fondation. Des partenariats peuvent être passés à travers des activités de recherches. Google a récemment mentionné son intérêt pour un futur programme sur les conséquences des technologies numériques sur la société.

Dans cette fourmilière intellectuelle, des chefs d’entreprise interviennent, comme des artistes, des philosophes ou des politiques le font. “Le collège des Bernardins est en soi l’incarnation dans la pierre de cette nouvelle volonté d’intervention de l’Eglise dans le débat public”, estime Denis Ranque, le président du conseil d’administration d’Airbus, qui a participé récemment à un débat intitulé “Les multinationales, maîtresses du monde ?”. » Christian David

Extrait de son article « Réseaux : les nouveaux cénacles de la “cathosphère” », lexpansion.lexpress.fr, le 03/03/14.


Ci-dessous, captures d’écran [1] réalisées le 24/02/18 :




Lettre d’information n°35. Printemps 2015. Fondation des Bernardins.

Voir en ligne : Liberté et propriété. Sur l’économie politique et le républicanisme de Condorcet.

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