Les dirigeants "socialistes" ont oublié Jaurès à propos de la nation
"Mais ce qui est certain, c’est que la volonté irréductible de l’Internationale est qu’aucune patrie n’ait à souffrir dans son autonomie. Arracher les patries aux maquignons de la patrie, aux castes du militarisme et aux bandes de la finance, permettre à toutes les nations le développement indéfini de la démocratie et de la paix, ce n’est pas seulement servir l’Internationale et le prolétariat universel, par qui l’humanité à peine ébauchée se réalisera, c’est servir la patrie elle-même. Internationale et patrie sont désormais liées. C’est dans l’Internationale que l’indépendance des nations a sa plus haute garantie ; c’est dans les nations indépendantes que l’Internationale a ses organes les plus puissants et les plus nobles. On pourrait presque dire : un peu d’internationalisme éloigne de la patrie ; beaucoup d’internationalisme y ramène. Un peu de patriotisme éloigne de l’Internationale ; beaucoup de patriotisme y ramène." Jean Jaurès, L’armée nouvelle, 1911.
Source : Jaurès, Rallumer tous les soleils, édition Omnibus, 2006, p. 820.
– On peut rajouter l’extrait suivant : "Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas seulement à écrire et à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d’une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation". Jaurès
Source : "Faire lire les écoliers" par Jean Jaurès.
– Ainsi que celui-ci : "Je veux donc, une fois de plus, préciser ma pensée sur ce grand sujet. 1° Je crois que l’existence des patries autonomes est nécessaire à l’humanité. Je crois notamment que la disparition ou la domestication de la France, serve d’une volonté étrangère, serait un désastre pour la race humaine, pour la liberté et pour la justice universelles." Jaurès
Source : Jaurès, Rallumer tous les soleils, édition Omnibus, 2006, p. 646.
– Ou encore celui-là : "Dans l’ordre politique la nation est souveraine et elle a brisé toutes les oligarchies du passé ; dans l’ordre économique la nation est soumise à beaucoup de ces oligarchies, et, entre parenthèses, monsieur le président du conseil, il ne suffirait pas de dire à la Chambre, ce qu’elle sait amplement sans vous, que la question de la Banque de France se posera devant elle ; il fallait lui dire de quelle façon le Gouvernement entendait qu’elle fût résolue.
Oui, par le suffrage universel, par la souveraineté nationale, qui trouve son expression définitive et logique dans la République, vous avez fait de tous les citoyens, y compris les salariés, une assemblée de rois. C’est d’eux, c’est de leur volonté souveraine qu’émanent les lois et le gouvernement ; ils révoquent, ils changent leurs mandataires, les législateurs et les ministres ; mais, au moment même où le salarié est souverain dans l’ordre politique, il est dans l’ordre économique réduit à une sorte de servage." Jaurès
Source : Jaurès, Rallumer tous les soleils, édition Omnibus, 2006, p. 193.