"Gaz de schiste : inquiétudes aux U.S.A."
« MONTRÉAL. L’exploitation des gaz de schiste a commencé il y a près d’une décennie dans certaines régions des États-Unis, dont le Sud et le Nord-Est. Or, après tout ce temps, les autorités cherchent encore le moyen de mesurer et de limiter les conséquences de cette activité sur l’environnement et sur la vie quotidienne des citoyens.
Mardi, l’Agence de protection de l’environnement (EPA) des États-Unis a ainsi demandé aux organismes de réglementation de l’État de la Pennsylvanie d’exercer un contrôle plus étroit sur les eaux usées provenant du forage gazier.
La Pennsylvanie est pourtant l’un des épicentres de l’industrie des gaz “non conventionnels” aux États-Unis. Plusieurs entreprises qui souhaitent s’implanter au Québec y exploitent d’ailleurs le shale de Marcellus. C’est notamment le cas de Talisman Energy.
Les puits de forage du gaz de schiste génèrent d’importantes quantités d’eaux résiduelles, contaminées par des produits provenant des profondeurs de la terre ou par les produits chimiques qui sont ajoutés lors du forage.
Dans la majorité des États américains producteurs de gaz, l’industrie a l’obligation de déverser ces eaux polluées dans de profonds puits prévus à cet effet. Mais en Pennsylvanie, ces eaux peuvent être évacuées dans les rivières après avoir subi un traitement partiel de décontamination.
L’Agence de protection de l’environnement souhaite par ailleurs que les usines de traitement d’eau potable de l’État commencent immédiatement à effectuer des tests afin de déterminer si l’eau contient du radium. Cette substance radioactive est parfois présente dans les eaux de forage avant qu’elles ne soient traitées.
L’EPA a également demandé à l’État de vérifier la conformité des permis délivrés aux usines d’épuration des eaux afin de s’assurer qu’elles sont en mesure de traiter de tels produits chimiques.
Ces requêtes de l’agence font suite à la publication d’un dossier sur les gaz de schiste dans “The New York Times”, à la fin du mois de février. En se basant sur 30 000 pages de documents inédits, le quotidien a entre autres révélé que les eaux usées de l’industrie étaient radioactives. Le dossier présentait aussi l’histoire de résidants des Rocheuses forcés de quitter les montagnes à cause des effets de l’exploitation des gaz sur leur santé.
Tremblements de terre
Les autorités de l’Arkansas s’inquiètent elles aussi pour les nappes phréatiques et l’eau potable, mais elles veulent aussi qu’on leur dise si la fracturation de la roche et l’entreposage sous-terrain des eaux contaminées peuvent causer des secousses sismiques.
Le nombre de petits tremblements de terre enregistrés dans cet État du Sud des États-Unis a en effet bondi récemment, passant de 38 en 2009 à 850 l’an dernier, d’après un article publié lundi par le site Internet “The Motley Fool”. Cela coïncide avec le développement de l’industrie des gaz de schiste dans la région.
Des phénomènes semblables auraient été observés au Colorado et même en Suisse.
Les inquiétudes sont telles que la compagnie Chesapeake Energy s’est vu interdire d’ajouter de l’eau dans ses puits de stockage existants jusqu’à ce que la lumière ait été faite sur les secousses.
L’exploitation des shales gazéifères suscite aussi des inquiétudes en Europe, et notamment en France. À la fin du mois dernier, 15 000 personnes ont manifesté en Ardèche pour dénoncer une “catastrophe écologique annoncée” et réclamer l’abrogation des permis d’exploration accordés aux géants Total, GDF Suez et Schuepbach Energy.
Les opposants, qui ont commencé à tisser des liens avec les Québécois, fustigent notamment le manque de transparence de l’industrie et du gouvernement dans cette affaire. Ils craignent surtout de voir les nappes phréatiques polluées et les activités rurales et touristiques ruinées par la fragmentation. »
Article de La Presse Canadienne, Gaz de schiste : inquiétudes aux États-Unis, journalmetro.com, le 08/03/11.
Une invitation à visionner le documentaire : GasLand, gaz de schiste et fracturation hydraulique . |