La présidentielle n’est pas la solution, elle est le problème !

, par  André Bellon
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Une de plus !

Depuis 1965, date de la première élection présidentielle, on ne compte plus les candidats qui ont déclarés vouloir redonner le pouvoir au peuple, se situant peu ou prou dans la filiation du fameux « coup d’État permanent » de François Mitterrand, puis de son slogan de campagne : « L’objectif de la droite, garder le pouvoir, mon seul objectif, vous le rendre ».

A-t-on vraiment envie de continuer ce jeu stupide et manipulateur ? N’est-il pas temps de se débarrasser des illusions concernant la Présidentielle ? Doit-on une nouvelle fois s’épuiser à chercher un hypothétique candidat miracle qui transformerait à lui seul la nature antidémocratique de la présidentielle ? Doit-on participer à des primaires censées révéler cette personne extraordinaire ? Va-t-on, au contraire, admettre enfin que la présidentielle n’est pas la solution, mais le problème ?

Parce qu’elle personnalise, elle réduit les débats politiques à un bruit de fond, elle embrigade et transforme les électeurs en supporteurs, elle ne donne pas un élu titulaire d’un mandat, donc véritablement légitime. Finalement, elle revient à donner un chèque en blanc… avec les résultats que l’on connaît. La présidentielle est, plus que jamais, un des principaux obstacles à la nécessaire reconstruction de la démocratie.
La France a besoin de réaffirmer l’importance du collectif et, prioritairement, de retrouver son propre peuple, titulaire de la souveraineté. Lui seul est capable de faire face aux défis qui s’accumulent depuis des décennies et auxquels chaque candidat prétend pouvoir faire face.

On peut penser que le pays a besoin d’un leader ; mais on ne peut pas alors se plaindre des dérives antidémocratiques inhérentes aux sociétés qui confient leur destin à un chef, éclairé ou pas. Le peuple n’a pas besoin de guide, il a besoin d’être respecté et d’exercer collectivement son pouvoir.

On peut militer pour des primaires, « citoyennes » ou pas, mais c’est refuser, une nouvelle fois, d’affronter le vrai problème. Les primaires, par essence, consistent à valider la règle absurde de la personnalisation du pouvoir. En toute analyse, et compte tenu de l’expérience, comment peut-on sérieusement prétendre utiliser la présidentielle pour faire l’inverse de son objet naturel, prétendre se placer en dehors d’un jeu dont, en même temps, on accepte les principes en se présentant ? Et pourquoi prendre un tel risque ?

Nombreux sont ceux qui considèrent le combat pour la souveraineté populaire comme utopique, ou qui ne comprennent pas que vouloir le rétablissement de celle-ci grâce à l’élection présidentielle relève du conte de fée. Pourquoi le candidat futur serait-il plus sincère que tous les autres, d’horizons divers dans le passé, qui ont fait tant de promesses non tenues précisément parce qu’ils avaient le pouvoir de ne pas les tenir ? C’est la nature de la présidentielle que d’accorder une confiance d’enfants à des personnes que rien n’oblige à l’honorer sauf la croyance qu’on met en eux.
Si on pense au contraire que la démocratie est nécessaire en cette période troublée, il faut impérativement sortir du piège présidentiel et rappeler que c’est aux citoyens eux-mêmes de se saisir de ce bien collectif qu’est la vie publique. Les responsables devront émerger de ce mouvement et en être à la fois les porte-paroles et les garants. Pas le contraire.

Certains estiment qu’il est trop tard pour poser le problème de la présidentielle alors qu’ils s’obstinent à ne pas le poser quel que soit le moment. Il n’y a ni bon, ni mauvais moment, il y a un objectif permanent. La prochaine échéance présidentielle ouvre un espace, certes bizarre, de discussion. Pourquoi ne pas s’en saisir tout en refusant d’entrer dans le jeu ? Au-delà des choix électoraux des uns et des autres, l’Association pour une Constituante refuse de s’inscrire dans cette compétition absurde : elle entend l’utiliser comme une caisse de résonnance.

Nous nous trouvons à un tournant fondamental. La France, l’Europe, le monde sont en crise. Chaque peuple peut apporter sa pierre pour donner un sens humaniste à un lendemain plus qu’incertain. L’élection d’une Assemblée Constituante en France est le moyen pacifique et constructif pour sortir de l’ornière. Elle sera la concrétisation institutionnelle de ce renouveau de la souveraineté populaire qui émergera des cercles locaux où les citoyens pourront exprimer leurs exigences. Contre les figures imposées par un système dégénérescent, agissons pour la recréation de la volonté individuelle et collective.

Article également publié par l’ASSOCIATION POUR UNE CONSTITUANTE : www.pouruneconstituante.fr.

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