L’Allemagne a-t-elle sa part de responsabilité dans la crise grecque ?

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“Les Allemands , qui ont été durement touchés par la récession mondiale, s’en sortent avec une économie plus solide aujourd’hui qu’il y a dix ans. Or c’est bien là le problème : l’Allemagne a raison d’être fière de sa capacité à contrôler les coûts et de sa force à exporter, mais elle doit reconnaître qu’elle a assis une partie de sa réussite aux dépens de ses voisins européens. Berlin ne cesse de parler du Deutsche Mark sacrifié, alors que l’économie allemande a profité à plein de l’arrivée de l’euro. Près de la moitié des exportations allemandes se font dans la zone euro, dont les membres n’ont plus recours à l’arme de la dévaluation compétitive pour se protéger. Par ailleurs, tandis que beaucoup dépensaient comme des cigales, les Allemands, eux, ont épargné comme des fourmis, sans investir dans le marché domestique. Résultat : d’énormes excédents commerciaux se sont accumulés, vite placés à l’étranger, dont beaucoup sur le marché des subprimes américains ou en bons du Trésor de pays comme la Grèce. Ce qui fait dire à certains économistes téméraires que l’Allemagne a sa part de responsabilité dans les mésaventures grecque et espagnole !”

Extrait de l’article Le modèle allemand met l’Union européenne à mal, The Economist - London 2010, traduit par Challenges, n°205, mars 2010, p. 47.