« L’UE veut créer un "Schengen militaire" pour sa défense » L’Union européenne, c’est la paix !
« La Commission européenne va présenter mercredi un plan d’actions pour créer un “Schengen militaire” afin de faciliter les transports de troupes et de matériel au sein de l’Union européenne, actuellement freinés par une multitude de formalités administratives et un manque d’infrastructures. Le plan d’actions consulté mardi par l’AFP prévoit notamment d’identifier les besoins pour les transports militaires et de recenser les infrastructures utilisables.
“Ces propositions ont une dimension pratique, mais leur finalité est évidente au moment où les tensions s’exacerbent avec la Russie”, a expliqué un diplomate européen. “On ne peut plus dire qu’un conflit en Europe est impossible”, estiment en privé de nombreux responsables européens.
“Nous avons besoin d’un espace Schengen militaire. Les Russes ont une totale liberté de mouvement au sein de leur territoire. Nous devons pouvoir nous déplacer aussi rapidement, sinon plus vite, pour masser des forces contre un potentiel ennemi afin d’être dissuasifs”, a soutenu récemment le général américain Ben Hodges, ancien commandant des forces américaines en Europe.
Alors que les 26 pays membres de l’Espace Schengen ont supprimé les contrôles à leurs frontières intérieures, “nous avons besoin de la même liberté de mouvement au sein de l’UE qu’un routier acheminant un chargement de pommes de Pologne en France”, a-t-il expliqué.
Les Etats baltes (Estonie, Lituanie et Lettonie) ont déjà constitué entre eux un mini-Schengen militaire, souligne Elisabeth Braw, analyste de l’Atlantic Council, un centre de réflexion spécialisé dans les relations internationales.
Or l’Union européenne est loin du compte. “En cas de conflit, nous n’aurions aujourd’hui pas le temps de localiser les itinéraires praticables ni d’accomplir les procédures bureaucratiques pour déplacer un blindé des Pays-Bas jusqu’en Estonie”, a déploré en privé un haut responsable européen.
Bureaucratie tatillonne, législations contraignantes pour le transit d’explosifs et de matières dangereuses, absence d’infrastructures routières ou ferroviaires adaptés aux besoins militaires, les obstacles sont nombreux au sein de l’Union pour permettre des mouvements de troupes rapides.
“Il faut s’assurer que les infrastructures nécessaires existent, que les tunnels sont praticables, que les routes ont une largeur suffisante, que les ponts peuvent supporter le poids des matériels transportés”, a expliqué un diplomate.
“L’Union européenne peut aider en faisant réaliser les infrastructures là où elles sont nécessaires”, notamment dans les pays d’Europe de l’Est, a souligné un responsable militaire.
L’UE a prévu des co-financements pour une dizaine de corridors transnationaux. Mais la décision de les réaliser, de même que leur utilisation à des fins militaires, relèvent de la souveraineté des Etats membres.
“L’attitude de la Russie impose de se concentrer à nouveau sur la défense du territoire. Mais nous pouvons avoir tous les équipements possibles, si nous ne pouvons pas les acheminer là où il faut pour qu’ils soient efficaces, alors c’est absolument inutile”, souligne Elisabeth Braw. »
Source : lalibre.be
P.S. de J.G. :
En janvier 2010, Jean Quatremer déclarait : « je pense que ce n’est que lorsqu’un conflit armé sera à nos portes ou qu’une menace directe contre l’Europe se manifestera que nous créerons une défense européenne commune, expression de la puissance européenne. La paix est en effet un moteur devenu insuffisant de l’intégration communautaire : elle l’a certes justifié à ses débuts, mais déjà la menace soviétique a servi d’aiguillon. Depuis la chute du communisme, il y a une véritable perte de sens que les référendums négatifs ont manifesté : “pourquoi faire l’Europe alors que la paix semble acquise ?” ont semblé se demander les citoyens. Je constate donc à regret que les conditions de formation d’un Etat-nation semblent indépassables : une identité commune ne semble pouvoir se forger que dans le fer, le feu et le sang, que dans l’opposition à l’autre. C’est lorsque que nous devrons défendre nos valeurs que l’identité européenne prendra forme, qu’être Européen aura un sens. » [1]