Mendès France contre l’américanisation ou l’européanisation du monde
" Les fournitures et les prestations que nous pouvons mettre à la disposition des pays sous-développés, c’est à eux de les déterminer. Il ne s’agit pas d’américaniser ou d’européaniser telle république africaine ou d’organiser l’évolution des plus déshérités vers un modèle occidental unique ; il faut permettre à tous de progresser selon leurs conceptions, leur culture et leurs aspirations. Il en résultera une nouvelle sorte de rapports internationaux dans lesquelles les pays en cause ne seraient plus complexés et aliénés, parce que maintenus sous la domination des plus forts, y compris la domination culturelle. L’Europe et l’Amérique du Nord essayant encore, consciemment ou non, de maintenir leur suprématie, la transformation s’opère contre elles : Mossadegh, Castro, Allende, voilà les figures qui ont personnifié, chacune à sa manière, un combat qui a, de plus en plus, mis en cause les structures en place par les nationalisations, les réformes, la création d’unités économiques régionales et, en dernier lieu, la coalition des Etats producteurs de pétrole, depuis le golfe Persique et la Méditerranée jusqu’au Pacifique...Ce n’est pas fini. "
" Pour en terminer avec le tiers-monde, je veux surtout réaffirmer que nous n’avons pas à imposer à deux milliards d’hommes de cette planète (et qui seront bientôt plus nombreux encore) nos principes et nos doctrines, comme le prétendent et les colonialistes (nouvelle manière) et les gauchistes, chacun à leur façon. Ces hommes ont le droit de décider eux-mêmes de ce que seront leur vie et leurs orientations. "
Extrait du livre "Choisir" de Pierre Mendès France, conversations avec Jean Bothorel, le 8 janvier 1974.