Les « socialistes » et le choix de l’école

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« À sa création en 2015, l’association [privée, Le Choix de l’école,] avait été baptisée “Teach for France”. En 2016, c’est dans le bureau de la ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem [Young Leader 2006 de la Fondation franco-américaine], qu’elle naît via un partenariat signé avec l’académie de Créteil et Nadia Marik, ancienne directrice adjointe chargée de la stratégie et du développement de Sciences Po, veuve de son ancien directeur Richard Descoings.

Le projet se veut le pendant français du réseau “Teach for All”, un concept imaginé en 1990 par l’Américaine diplômée de Princeton Wendy Kopp, visant à réduire les inégalités scolaires en positionnant de jeunes surdiplômés dans des zones défavorisées. Outre-Atlantique, l’organisation n’est pas exempte de critiques. Il lui est reproché d’alimenter un “mélange des genres ”, une formation “insuffisante ”, et une “déstabilisation ” des écoles. Dans la version française, l’académie de Créteil, touchée par un déficit de personnels titulaires, est ciblée.

Très vite, la composition de son conseil d’administration interroge la communauté éducative. À sa tête, à l’époque : Olivier Duhamel, ancien patron de la Fondation nationale des sciences politiques et figure du club Le Siècle, visé par une enquête pour viols sur mineurs en 2021 – classée sans suite au seul motif de la prescription. D’après les statuts de l’association, celui-ci est remplacé à partir de 2018 par son vice-président : Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne, un think tank libéral incubateur des idées de la macronie (comme Mediapart le détaillait ici), qui plaide pour une augmentation du temps de travail ou la réduction du budget de l’éducation.

Aujourd’hui, on trouve pêle-mêle : Alain Minc, Patricia Barbizet (présidente du Siècle, et ex-DG d’Artémis, une holding contrôlée par la famille Pinault), Bernard Ramanantsoa (ex-directeur général de HEC), Emmanuelle Barbara (avocate et membre de l’Institut Montaigne)... Sur le site Internet de l’association et ses réseaux sociaux, les anglicismes et le jargon “start-up nation” sont légion. Il est question de “leadership ”, de “management ”, de “plaidoyer ”, d’ “expérience sectorielle”, ou encore de “mesure de résultats ”.

Côté financements, Le Choix de l’école cumule donc des subventions publiques (venant aussi de l’Agence nationale de la cohésion des territoires), et un mécénat privé de grandes entreprises (AT Kearney, Eurazeo, Western Union, Axa, la fondation La France s’engage…). » Fanny Marlier

Extrait de son article, « Adoubée par Blanquer, une association place ses disciples dans les salles des profs », mediapart.fr, 23 septembre 2021.

Voir en ligne : Mais que fait un ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, à une réunion du Groupe Bilderberg !?

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