Les preux défenseurs d’une prétendue liberté d’expression historique
Eh bien non, les démissionnaires du haut comité des commémorations nationales [1] n’auront pas protesté contre le caractère scandaleux de la complaisante notice, à énormes trous et contrevérités, d’Olivier Dard, ils se seront juste érigés en preux défenseurs d’une prétendue liberté d’expression historique – pour que triomphe auprès de la population française, car c’est l’objet des commémorations nationales, la thèse d’un Charles Maurras « germanophobe et antinazi » sous l’Occupation, si peu antisémite, sauf éventuellement au début du 20e siècle qu’il valait mieux n’en point parler – et auront renoncé vaillamment à une fonction médiatique parmi mainte autre. C’est assez farce sur ces deux points mais tout arrive...
Je suis personnellement ravie qu’il n’y ait de fait, à cette date, plus de haut comité des commémorations nationales. La science historique, qui n’en a pas besoin, ne s’en portera pas plus mal. Elle a juste besoin, pour demeurer ou redevenir une science, qu’on la laisse travailler librement, avec des spécialistes d’histoire contemporaine qui fréquentent les salles d’archives plus que les ministres, les grands patrons, les instances « européennes », les « témoins », etc. Le seul comportement de la ministre Mme Nyssen, qui a cru pouvoir rédiger ou faire rédiger « une préface élogieuse – [avant] d’interrompre la diffusion du Livre des commémorations nationales 2018 », est significatif du fonctionnement d’une discipline historique servile, caractérisée par le contact permanent avec « ceux d’en haut ».
L’ensemble de l’affaire, y compris les conditions d’élaboration de la « notice » sur Charles Maurras, confirme que la « mémoire » n’a rien de commun avec la science historique indépendante. Ayant répété cette évidence depuis quelques décennies, je me réjouis qu’elle soit ainsi confirmée.
Voir en ligne : Olivier Dard et Maurras : ni antisémite, ni germanophile, ni pronazi…
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